George Sand

MON GRAND FLEUVE D’AMÉRIQUE 
Cité internationale de la
tapisserie d’Aubusson

Il y a des heures où je me sens herbe, oiseaux, cime d’arbre, nuage, eau courante, horizon, couleur, forme et sensations changeantes, mobiles, indéfinies; des heures où je cours, où je vole, où je nage, où je bois la rosée, où je m’épanouis au soleil, où je dors sous les feuilles, où je plane avec les alouettes, où je rampe avec les lézards, où je brille dans les étoiles et les vers luisants, où je vis enfin dans tout ce qui est le milieu d’un développement qui est comme une dilatation de mon être.

George Sand

Mon Grand Fleuve d’Amérique, la maturité, 2022 Oeuvre réalisée pour le carton d’une tapisserie Aubusson, 40x500cm pour 200x500cm

« Nous avons tous deux vies : la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard; la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres, qui est la pratique, l’utile, celle où l’on finit par nous mettre au cercueil. » 

Fernando PESSOA (Dactylographie, 1933)

Enfance, spiritualité et bijoux de famille

La Dame à la licorne fut découverte et sauvée par George Sand, elle servait à recouvrir de charrettes ou même de paillasson, l’auteur fit venir les Monuments historiques à Boussac…. Mon oeuvre rejoue les contours du célèbre portrait de George au centre. Il devient un portrait cosmique, sans visage et parée de la scène de la licorne…. Nous somme peut- être dans l’écrin de la boîte à bijoux de la tapisserie médiévale. Le lion est un coupe papier en argent que George utilisait. Plusieurs bijoux qu’elle portait sont insérés dans cette partie sur l’enfance, broche-fougère ou rosier, bague- oiseaux ou saint esprit, étoiles… Ces bijoux de famille volent avec la pierre précieuse rose de la bague qu’elle portait sans cesse… L’ interprétation incertaine de la Dame à la licorne et celles de George Sand sont frappantes dans leur similitudes. Toutes deux oscillent entre femme avide, facile, provocatrice, emplie de vices (si elle prend les bijoux) et femme pure, vierge ou bi- gote idéaliste vivant en ermite dans son éden déconnecté du monde (si elle s’en dépouille)…Les personnages romanesques féminins de George sont d’ailleurs souvent empreints de tourments moraux du même ordre.

Corambé (l’enfance) cristallise plusieurs évènements tragiques de la petite enfance de George Sand. Il est un personnage qu’elle imagine après le décès de son père, de son petit frère et le départ de sa mère la laissant à Nohant avec sa grand- mère. Dieu réparateur, il était pour elle un ange tout comme une Vierge. L’enfant lui fabriquait un autel et une cabane dans le jardin… Il devient le Dieu de la littérature lorsqu’elle grandit

Mon Grand Fleuve d’Amérique, 2022 Oeuvre réalisée pour le carton d’une tapisserie Aubusson, 40x500cm pour 200x500cm, L'enfance copie

Le monde extérieur a toujours agi sur moi plus que je n’ai pu agir sur lui ; je suis devenu un miroir d’où mon propre reflet s’est effacé, tant il s’est rempli du reflet des objets et des figures qui s’y confondent. Quand j’essaie de me regarder dans ce miroir, j’y vois passer des plantes, des insectes, des paysages, de l’eau, des profils de montagnes, des nuages, et sur tout cela des lumières inouïes, et dans tout cela des êtres excellents ou splendides. George Sand

Le fleuve d’abondance, espace littéraire entre ciel et terre

À la fin de sa vie, George Sand jardinait beaucoup, s’occupait de ses petites filles pour qui elle construisait des cabanes cousines du temple qu’elle avait érigé à Corambé dans sa propre enfance. Laissez la verdure furent ses derniers mots. Jusque la fin du XVIIIe siècle, on trouve le mot de verdure au sens de « pastorale ».

[…] la vie ne se perd pas, elle se déplace. Elle s’élance et se transporte au delà de cet horizon que nous croyons être le cercle de notre existence. Nous avons les cercles infinis devant nous. Chansons des bois et des rues de Victor Hugo