Installation dans un ancien frigo du Préàvie (friche de l’usine Salaisons Busso), Le Pré St Gervais.
Peinture-relief sur polystyrène, leds, fils de fer et laine, perles, dessins découpés, branches, argile, plomb, hors d’oeuvres culinaires, bougies, leds, arbre mort, main en cire, pétales en tissu…100x35x25cm.






La Datura est une femme-liane, elle relie des morceaux, des miettes glanées dans notre monde, auxquelles elle s’enlace pour créer une Femme-paysage. C’est une parure à corps ouvert, en quête. Les botanistes disent que les lianes sont dans une course à la lumière, ici celle-ci est nocturne, entre guirlandes de bal populaire et bougies de fête païenne.
La datura est une fleur de chamane, hallucinogène, elle permet ces sorties de soi qui intéressait pour l’exposition After. Evoquant ce qui fait la réussite d’une fête, s’oublier un instant, s’aventurer hors de soi. La notion de parergon1 élaborée par Derrida, fait actuellement sens par rapport à ce que tissent les lianes de l’artiste : cadre incorporant intérieur et extérieur, condensant des opposés irréconciliables, restes insolites, ornements que Kant qualifie de dangereux de par dans leur capacité à nous détourner d’un sujet principal. Le sujet fait monde. L’installation a débuté avec une peinture relief créée pendant le confinement, portrait de cette femme-fleur, datura, et l’installation dans le cadre de l’ancien frigo de l’usine du PRéàVIE a consisté à partir hors champs.
Le parergon contient l’idée de parure2 et il y a l’évocation d’une femme qui se fait belle pour sortir, perles et bijoux créant un espace transitionnel dans la ruine de l’ancienne usine3 de saucisson. Derrida évoque le fait que ce parergon crée un lieu particulier dans notre monde pour y présenter l’art, et c’est ce que construit la Datura avec le tuteur d’un arbre mort qu’elle tient, paradoxalement debout4. Récupéré in situ5, l’arbre a permis de créer un paysage d’après dans cet immense frigo. La femme tient son décor autour d’elle. Le sol saupoudré de farine et de sciure de bois (récupérée dans les ateliers du PRéàVIE) et des hors d’œuvres à manger, sont incorporés dans l’installation, le spectateur pouvait ainsi manger ces mignardises de vernissage qui appartiennent au lieu du par-ergon, une fête de l’art…
Vanina Langer